Santé
Le jeûne intermittent est un régime alimentaire qui consiste en général à prolonger le jeûne nocturne soit en reportant la prise alimentaire du matin, soit en avançant l’arrêt de la prise alimentaire du soir. Ainsi, la prise alimentaire pourrait s’étendre dans un intervalle de 8 à 12h suivi d’un jeûne de 12 à 16h. Ce régime est de plus en plus connu et utilisé pour ses soi-disant effets sur la santé et la perte de poids.
En effet, les rythmes circadiens semblent jouer un rôle de plus en plus démontré dans la physiologie et le métabolisme, et le style de vie erratique associé à la société moderne contribue aux perturbations de ces rythmes circadiens et donc à certains paramètres physiologiques et métaboliques (Manoogian and Panda, 2017).
Les récents progrès dans le domaine ont déjà montré que le moment de la journée où les aliments étaient consommés pouvait également influencer le métabolisme et la perte de poids.
Depuis plus de 30 ans, il est bien connu que la glycémie post prandiale, c-à-d la quantité de glucose dans le sang après un repas, reste relativement plus élevée lorsque ce repas est consommé le soir ou tard dans la nuit. Et ceci semble être entre autres lié à l’effet de la mélatonine, l’hormone du sommeil, sur la libération de l’insuline. Etant donné que ce niveau de mélatonine semble augmenter dans le sang 2-3h avant l’heure habituelle du couché, il pourrait être bénéfique d’éviter de manger à ce moment-là, et ce, jusqu’à une heure après le réveil (Chaix et al., 2019).
Le lien entre le moment du repas et la régulation du poids corporel est également bien documenté chez l’animal, cependant de plus en plus d’études semblent également confirmer ce lien chez l’homme. Une étude réalisée sur 420 personnes en excès de poids et en traitement pour la perte de poids, a montré que les personnes qui mangeaient leur lunch plus tard dans la journée (après 15h) montraient une perte de poids plus lente que les personnes qui consommaient leur lunch plus tôt. Les auteurs ont également observé que ceux qui mangeaient leur lunch plus tard dans la journée, mangeaient également plus tard dans la soirée, consommaient des petits déjeuners moins énergétiques et sautaient plus fréquemment le petit déjeuner (Garaulet et al., 2013).
Une étude récente réalisée sur 11 personnes en excès de poids a comparé l’effet d’un jeûne intermittent de 12h (consommation alimentaire de 8h à 20h) vs de 18h (consommation alimentaire de 8h à 14h) pendant 4 jours. Cette étude a montré que lorsque les personnes pratiquaient le jeûne intermittent de 18h, le niveau de ghrelin (hormone orexigène) diminuait ; ce qui augmentait la plénitude et diminuait le désir de manger. De plus, ce jeûne intermittent de 18h pourrait augmenter la perte de graisse en augmentant leur oxydation (Ravussin et al., 2019).
Au vu de ces résultats, le jeûne intermittent semble donc avoir des effets positifs sur le métabolisme et la régulation du poids corporel quand celui-ci est pratiqué le soir. C’est à dire, lorsque le jeûne nocturne est prolongé en arrêtant plus tôt la prise alimentaire dans la soirée. En accord avec les données sur la mélatonine, il serait donc intéressant d’arrêter la prise alimentaire 2-3h avant l’heure habituelle du couché, et ce jusqu’à une heure après le réveil comme le mentionnaient les auteurs. Cependant, l’intérêt d’un jeûne intermittent supérieur à 12h de jeûne et sur une période plus longue nécessite le support d’autres études scientifiques.
Références :
- Garaulet M, Gómez-Abellán P, Alburquerque-Béjar JJ, Lee YC, Ordovás JM, Scheer FA. Timing of food intake predicts weight loss effectiveness. Int J Obes (Lond). 2013;37(4):604-11
- Manoogian E.N.C. and Panda S. Circadian rhythms, time-restricted feeding, and healthy aging. Ageing Res Rev. 2017; 39: 59–67
- Chaix A., Manoogian E.N.C., Melkani G.C., Panda S. Time-restricted eating to prevent manage chronic metabolic diseases. Annual Rev. Nutr. 2019; 21; 39:291-315.
- Ravussin E., Beyl R. A., Poggiogalle E., Hsia D. S. and Peterson C. M. Early time-restricted reeding reduces appetite and increases fat oxidation but does not affect energy expenditure in humans. Obesity 2019; 27 (8):1244-1254
Article rédigé par Carole MARQUES, diététicienne